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2025

Décisions érotiques

Désir, désobéissance et l’art de devenir

traduit de l'anglais - article original

La vie commence par des décisions érotiques.

La vie ne commence pas à la naissance. Ni à la conception. Ni à un marqueur abstrait de conscience ou de légalité. Elle commence, pour de bon, au moment de la reconnaissance tremblante. Quand quelque chose s'agite sous la raison. Lorsque vous désirez quelque chose – ou quelqu'un – sans pouvoir expliquer pourquoi, et que vous choisissez d'aller vers cela. C'est la décision érotique. Le moment qui ouvre une brèche dans le scénario qui vous a été donné et qui vous offre, de manière terrifiante, une alternative. Pas nécessairement meilleure, certainement pas plus sûre..., mais vivante. Et c'est là que la vie commence.

Non pas parce que nous sommes conscients du désir au moment de la naissance, mais parce que l'existence elle-même commence dans le frémissement du désir, l'attraction archétypale entre les opposés, la tension qui éclate dans la création. Avant le langage, avant l'identité, il y a le désir : le nourrisson réclame non seulement la nourriture, mais aussi le toucher, la chaleur, la présence. Dans cet élan primitif, il y a déjà un choix, non pas rationnel, mais un alignement viscéral sur la vie, sur la connexion, sur le fait d'être avec plutôt que séparé. L'éros, dans son sens ancien et platonicien, est la force qui lie l'âme au monde, qui nous pousse vers la beauté, le mystère et le devenir. Il n'est pas réductible au sexe, même s'il peut l'inclure. Il s'agit d'une orientation métaphysique : la décision, encore et encore, de rechercher l'intensité plutôt que l'engourdissement, l'expansion plutôt que la contraction, l'intimité plutôt que le contrôle. Et c'est par cette décision (parfois un murmure, parfois un rugissement) que la vie commence et qu'elle s'approfondit.